mardi 25 septembre 2012

La plume au vent...

Il marchait d’un pas rapide, heurté, la tête légèrement inclinée pour repérer les obstacles malgré la pénombre grandissante. Il y avait comme une urgence dans son pas, une question de vie ou de mort ne l’aurait probablement pas rendu plus pressé. D’ailleurs c’était un peu le cas, en quelque sorte, pour lui. Il sourit à cette idée, d’un sourire triste et furtif comme une ombre de plus sur son visage.

Une fine bruine commença à tomber. Il ne ralentit pas. La météo le laissait totalement indifférent ce soir là, il n’aurait pas marcher différemment sous la neige ou sur le verglas, mais il était quand même heureux que cette humidité palpable soit sa seule source de désagrément.

Une voix dans sa tête lui murmura qu’il pouvait prendre froid, qu’il était encore fragile. Mais une autre la fit taire, cela n’avait plus aucune espèce d’importance.

Il était habitué à ses voix. Quand les idées étaient trop nombreuses, quand il avait besoin de voir clair dans une situation confuse, elles s’incarnaient avec un timbre propre et exprimaient ses pensées, cela l’aidait à comprendre, à faire le tri. Elles avaient d’ailleurs longtemps débattu sur ses intentions, même si au final il avait suivi une impulsion, une envie totalement déraisonnable.

Il arriva enfin en vue de sa destination, un bâtiment sombre imposant se dressait à l’angle de la rue. Il frissonna. Son destin se jouerait là devant ce monument austère et par temps brumeux, quelle ironie pour ce fils du soleil.

Il ralentit, puis s’arrêta, étudiant les environs d’un regard hanté, repérant rapidement un endroit, un banc, qui lui permettrait d’attendre suffisamment près pour ne pas la rater mais assez loin pour lui donner le temps de la voir avant de l’aborder. Il s’installa s’exhortant à la patience avec une inefficacité remarquable.

Il tenta de se souvenir pourquoi il était là de revivre les bons moments passés avec elle, mais sa nervosité déposait un voile terne sur ses souvenirs.

Il n’était qu’impatience. Il avait chaud malgré la bruine pénétrante, et des frissons le parcourait il se cru malade avant de reconnaître les symptômes de la peur. Comment prendrait-elle sa présence ?

Puis il y eu comme un trou noir, son estomac heureusement vide lui tomba en bas des pieds, ses yeux avaient accrochés sa silhouette qui se profilait sur les marches. Trop tard pour reculer.

Il se leva sans la quitter des yeux et sans en avoir conscience approcha. Elle avait la tête tournée vers lui, mais l’obscurité naissante et la distance ne lui permettait pas de distinguer ses traits. Il continuait à avancer mais de plus en plus lentement, alors qu’elle s’était arrêter en bas des marches, comme pour amortir le coup qu’elle s’apprêtait à lui porter.

Malgré l’impression de se sentir à la fois lourd et léger, d’avoir envie de rire et de pleurer, il combla les derniers mètres qui les séparaient et, après une énième hésitation osa plonger son regard dans le sien.

Il vit des larmes et un sourire si doux que plus rien en compta leurs bouches se soudèrent même si aucun des deux n’auraient pu dire qui avait pris l’initiative de se baiser. A la fois besoin nécessité et accomplissement, ils s’embrassèrent à perdre haleine....           

 

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